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Archéologie : retour sur les fouilles des sites de la Motte I et II à Agde

03 mars 2023

Archéologie

Durant quinze jours, des fouilles subaquatiques ont été organisées dans le fleuve Hérault sur le site de la Motte I à Agde par des membres de l’association Ibis et des étudiants en archéologie.

C’est dans une eau à seulement 8 degrés en moyenne que les plongeurs ont fouillé cette zone d’habitation datée de l’âge du Bronze (10e-8e siècle avant J.-C.).

Des fragments de poteries et quelques surprises

Parmi les objets repêchés dans le périmètre d’intervention : une sorte de bouton en bronze et une pointe de lance bien conservée.

Pour Thibault Lachenal, responsable des fouilles, « c’est assez rare de trouver autant d’objets en bronze sur un site d’habitat. Nous émettons l’hypothèse qu’ils ont été jetés volontairement, nous ne voyons pas d’autre explication pour le moment. Car à l’époque, prenons l’exemple suivant : si un bracelet en bronze était cassé, il pouvait être refondu et recyclé ».

D’autres objets ont été remontés à la surface : des pieux en bois d’environ 30cm, des meules de pierre servant à moudre le grain et des centaines de morceaux de poteries. « Il n’y a pas de doute, nous sommes sur une zone d’habitat », conclut Thibault Lachenal.

Plus surprenant, des ossements d’animaux viennent compléter les trésors des fouilles sur la Motte I.

Nettoyage du mobilier

Pendant que les plongeurs étaient sous l’eau, des étudiants en archéologie à Montpellier et à Toulouse avaient pour mission de nettoyer les objets collectés et les inventorier.

« Sur cette mâchoire d’animal par exemple, nous retirons le maximum de terre en frottant doucement avec une brosse à dents pour ne pas déchausser les dents. Une fois les sédiments et autres bouts d’algues retirés, le mobilier nettoyé est ensuite inventorié, stocké et puis dessiné », explique l’étudiante en archéologie à Montpellier. « Pour réaliser un dessin précis en laboratoire, il ne faut pas laisser le moindre morceau de terre pour pouvoir parfaitement identifier les motifs au millimètre près comme sur ces tessons de poteries ».

Au fil des fouilles subaquatiques, les archéologues en apprennent davantage sur le passé d’Agde.

Fin de la campagne 2023 à la Motte II

Après la Motte I, l’équipe d’Ibis continue actuellement leurs recherches sur la Motte II au-dessus de la Pansière à Agde où se concentrent des vestiges de l’Antiquité.

C’est en 1963, que le Groupe de Recherches Archéologiques Subaquatiques et de Plongée d’Agde (GRASPA) avait découvert sur ce site des pieux en bois, de nombreuses pierres et des amphores. L’hypothèse d’une épave de bateau transportant des amphores italiques (d’Italie) et agathoises avait été alors émise.

« En 2001, une étude topographique approfondie des membres d’Ibis a signalé qu’il ne s’agit pas d’une épave mais d’un enrochement, composé de pierres et d’amphores, sur lequel se greffe un ponton en bois », explique Fabrice Laurent membre de l’association IBIS et responsable de l’opération sur la Motte II.

Ce « quai antique » a fait ensuite l’objet de plusieurs campagnes d’exploration. En se focalisant sur les pieux en bois, une analyse a révélé que ce ponton est en fait de l’âge du Bronze (environ 1250 ans avant J.C). « Cela a changé la phase du site », ajoute Fabrice Laurent.

L’enrochement sur le site de la Motte II composé de pierres et d’amphores (crédits photos ©françois Baïsse et ©Fabrice Laurent).

À partir de 2016, les plongeurs se sont focalisés majoritairement sur l’enrochement. « Nous savons que le site de la Motte II date du IIème siècle avant J.C. Notre mission en 2023 est de proposer une vision en plan et en coupe du site pour comprendre les méthodes de construction et pouvoir interpréter l’ensemble des aménagements », ajoute l’archéologue.

Le mystère de l’enrochement

« Il s’agirait d’aménagements de berges qui auraient participé à la création d’une sorte de port permettant de passer d’une rive à l’autre. Je pense qu’à l’époque, les gens d’Agde devaient traverser régulièrement le fleuve pour rejoindre Béziers. Cependant, à la vue de l’activité commerçante et des nombreux bateaux qui naviguaient, il était difficile de faire demi-tour d’où cet aménagement ».

Pendant quinze jours, les archéologues plongeurs vont tenter de percer les secrets de cet enrochement composé d’amphores d’environ 60 à 70cm.

Une fois prélevées, elles seront ensuite nettoyées, dessinées puis étudiées.

Les fouilles sur la Motte II pour l’année 2023 se termineront le vendredi 10 mars prochain.

⚠ Pour information, il est strictement interdit de plonger dans le fleuve Hérault sans autorisation spéciale et par conséquent ne pas remonter du mobilier présent dans le fleuve ! Merci. ⚠

Direction Archéodyssée

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