Archéologie : fin de la prospection dans le fleuve Hérault à Agde

Presque chaque année depuis 2016, les membres de l’association Ibis, accompagnés d’une archéologue de l’Agglo, assurent des campagnes de prospection dans le fleuve Hérault à Agde. Ils recherchent des traces du passé sur les sites de la Motte, petit village occupé il y a près de 3000 ans durant plusieurs générations, et découvert en 1963 par le GRASPA (Groupe de Recherches Archéologiques Subaquatiques et de Plongée d’Agde).

Début mars, avant la fin des prospections annuelles, l’équipe de l’association Ibis a sorti des eaux trois belles amphores à découvrir en photos dans cet article.



Des découvertes remarquables
Cette année, sur le site de la Motte 2, ils ont effectués des prélèvements sur les pieux en bois découverts en 2016 afin de déterminer les essences de bois utilisées à l’âge de Bronze (13e-12e siècle avant J.-C.). Ces éléments donneront des indications sur le paysage environnant le site.

Les formes et dimensions des bâtiments sont variées, les niveaux d’occupation sont absents et le mobilier est rare. Si l’érosion a été forte, la possibilité de pilotis est envisagée. L’étude d’un poteau montre l’absence de trou d’implantation, de sorte qu’il pourrait avoir été enfoncé de force dans une argile lagunaire encore assez meuble. C’est d’ailleurs dans cet environnement qu’il faut probablement inscrire les bâtiments. Le paysage agathois a en effet considérablement évolué. Une vaste lagune existait à l’ouest du socle basaltique dominé par le Mont Saint-Loup. Celle-ci s’est progressivement colmatée en même temps que l’Hérault s’étirait vers le sud



Les vestiges découverts datés du IIe siècle avant J.-C., notamment relatifs à l’aménagement des berges, permettent aux archéologues d’émettre des hypothèses sur le passé du site, comme la production locale des amphores réemployées dans les enrochements, la présence de digues autour d’une cale, un complexe qui aurait formé un port fluvial, peut-être principalement destiné au franchissement de l’Hérault au moyen de bacs (pirogues, barques, radeaux).
Ce port aurait été rejeté en amont du port urbain d’Agde, afin de ne pas gêner la navigation des navires marchands entre la Méditerranée et la cité. L’emplacement aurait été propice à l’établissement de ce port, le fleuve étant ici étroit et suffisamment profond, avec des berges d’une forme particulière.

Après 2 semaines de fouilles réalisées par les plongeurs professionnels de l’association à plus de 6 mètres de profondeur, la campagne annuelle de prospection est maintenant terminée. Ils seront probablement de retour l’an prochain pour de nouvelles découvertes sur ce site exceptionnel !



Les sites de la Motte à Agde
Des sites tels que la Motte 1 et 2 sont très rares en Languedoc, et celui-ci est exceptionnel ! L’espoir est donc grand que le site puisse fournir de nombreux éléments illustrant l’environnement et les activités de l’homme, ce qui serait une première en France pour cette période.



L’association IBIS
Les drapeaux blancs et bleus ainsi que les bouées jaunes flottant sur le fleuve Hérault à Agde indiquent la présence des salariés de l’association IBIS. Sous la responsabilité de Fabrice Laurent, archéologue et ingénieur de recherche responsable d’opération, tous sont des plongeurs professionnels, amateurs et passionnés d’archéologie.
Plus d’information sur www.ibis-archeosub.com

Des partenaires
Ces opérations sont réalisées avec le soutien de l’Agglo, de la ville d’Agde, du Département, de la Région et de l’Etat via le Service régional de l’archéologie (SRA) du ministère de la Culture.

Photos : Michel Desnos Toutes les actualités